“Voici le sabre de mon pè-è-re, tu peux le mettre à ton côté”

Dandy cinéphage, élevé à la fin des années 1970 dans un village près de Barcelone, Albert Serra s’est fait connaître internationalement avec son second long métrage, Honor de Cavalleria, dès 2006…

Hier ouverture .

On s’était dit avec J. on y va et si ça nous barbe on se tire.

Moi je n’en avais jamais entendu parler mais il faut dire que je ne suis pas une flèche niveau cinéma.

On est restés pour le court métrage après l’introduction de Serra qui fait bien rire tout le monde. Ah oui c’est trop cool de rire. Grrrr….

Il a un blazer comme un vieux beau du 16eme , modèle épuisé … Il a les cheveux longs sur la nuque. Il parle Français avec un délicieux accent Catalan.

J’aime bien. Le mec me plait, il est assez dandy effectivement , et il me plait-oui car il y croit encore. J’aime comme il approche les choses mais, les jeux sont faits et il ne pourra, lui, rien faire contre ç…

On mange le court-métrage, puis la tragique performance de purification de l’écran.

Alors que c’était plutôt marrant et même pas marrant du tout mais intéressant de parler de ça, de l’écran, de le rendre encore plus vierge, blanc de blanc;De ne pas vouloir “passer après les autres ” en deux mots…

Oui c’était plutôt bon comme idée: —J’arrive et tout doit être baptisé par moi…

Bon, la merde c’est quand l’eau se transforme en miroirs qui ont des formes ondulantes de vagues , enfin de motifs verticaux de vagues. Oups , me dis-je en regardant Momo et un autre machino installer , c’est d’la métaphore.

Moi, depuis que je l’ai lu ( trop tard mais ….), j’imagine toujours un Bukowski assis au milieu de la salle et qui dérange tout le monde pour sortir en éructant ou en vomissant pour de vrai. Mais yen a pas. Yen a pas!! Personne… On est tous, moi comme les autres, bien passifs à attendre l’action.On est tous pour les mieux placés, dans des rayons plus ou moins VIP qui vieillissent bien ensemble, main dans la main comme ça on voit rien de l’avancée du temps. “Serre ma main, tiens moi , j’ai peur de vieillir, non je passe derrière toi, toi vas-y en premier.”.

Bref on aura  un peu de cul peut-être. Ah non, la violonniste a mon avis n’a jamais vu le loup dans sa robe de concert. Mais opposition fine, vla deux filles seins nus. —Oué!!! dit personne parce qu’on s’en fiche, on l’a vu mille fois le coup de la pépé torse poil. Bon tout cela est en live sur grand écran. Mais c’est mieux de regarder le vrai. Déjà qu’une performance, à mon avis n’a plus grand sens, la voir filmée est un contre-sens d’un truc qu’en a pas…E la voir filmée avec autour d’autres gens qui filment entourés de gens qui photographient… Laisse tomber.

J. me dit plus tard, il a raison DP de pas se soucier d’enregistrer ses cours. Il faut de la perte. Ya plus de perte.

 …J’en suis où? Ah oui. Voyons ce qui se passe du côté de Vagina Dentata Organ et Jordi Valls.

La torse-nu centrale est tatouée et voilée avec paillettes comme pour la danse du ventre. Elle attrape une sorte de barbelé ( ben tiens ) argenté et se ligote elle-même pendant que l’autre “arrange” des rouleaux de papier toilettes. Je souffle à J. :

— Tu ne me dis pas que ça va dessiner une croix?

Ben si ( Quand je raconte ça ce matin à C. elle me dit. Je croyais que tu allais lui dire “ Tu ne me dis pas qu’elle va ch… “.Pardon pour la vulgarité mais bon… Parfois, finalement appelons un chat un chat. On a bien ri et j’avoue que je n’y avais même pas pensé.)

La croix se termine et Miss voile saigne un peu. Juste de quoi nous faire frémir un peu, histoire qu’on soit pas venu pour des prunes.

“Ah ces espagnols quand même on les reconnait bien là dit” , je ne dirai pas qui. Et D. de dire: “C’est pas des espagnols c’est des Catalans”. Exact.

C’est lamentable cette soirée. Bon, et puis… Heu… Ah oui du fond de la salle des tambours. Puis la projection d’un diaporama montrant :

Ou des anarchistes condamnés à mort?

Ou des condamnés à mort?

Des morts c’est certain.

Et qui vraiment ne se sont jamais doutés qu’ils finiraient leur carrière au son de tambours guidés par un homme tambour -à-bonnet-méchant.

Oh comme il est en colère! Oh. Vite un Emoji-colère pour résumer ce que je vois. Ya pas d’émoji -Colère. Ya qu’un pirate, un pistolet, une bombe pour indiquer ça-le méchant. Merde..

 Il arrive ” sur scène ” et avec un marteau casse les miroirs, plaf, plaf. c’est vraiment ce qu’on appelle un coup d’épée dans l’eau. Oh, c’est un rebelle et paf et schlac… Mais qu’est ce qui vole? On est bombardés de rouleaux de PQ. On tremble!!!. Bon ; la lumière se rallume, on a déjà tout oublié, les conversations reprennent , les Emojis se recoiffent  et on nous indique comme à un tour operator la suite de la soirée.

Avec J. et sa grosse valise rose , on descend puis on attend pas l’orchestre. Je vois Serra se réajuster, remettre bien son blazer . Il m’est sympathique.

Nous on se tire. Je dis à Alix de saluer D. et D et nous voilà , bien contents devant une bière et des cacahuètes. On ne parle même pas de ce qu’on a vu.

Et moi, pourquoi j’en parle? Paeceque c’était une soirée sans grand intêrêt et que je suis intriguée par le type. Les sujets de ses films m’interessent

“There was a popular fete in the village. This is where I saw most of my personal mythology synthesised. I immediately realised that this was my personal Hairspray or Cry Baby. I only had to add a few details to complement the reality I saw in Madremanya.
Is it fiction or a documentary? At first it was fiction. That explains the artificiality of the interpretation and musical sketches. I hate documentaries. They are the perfect excuse for people with no imagination. But as the film is a portrayal of a world that has almost vanished, it could be considered a ‘document’. This annoys me a bit, because I consider myself an artist. I believe the film has at least three or four unforgettable moments of beauty, which justify the rest.“( crespia )

Albert Serra tourne la rencontre entre Casanova et Dracula au château de Bourgon

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On boit deux bières, J. me raconte ses interviews, il fait très doux. Ya un type à côté, sorte de Saint-Laurent grosso modo qui est speedé. Onpense que son RV amoureux n’arrive pas. Il est super agité, traverse la rue comme à la rencontre de quelqu’un qu’il ne connait pas. Il a des clés de bagnole Mercedes… Puis on se dit que c’est plutôt un RV de dope.

J. et sa valise rose disparait .

Je retrouve R. au café du coin. On mange un truc et en rentrant j’envoie ceci à D.

j’ai bien aimé le mec. mais il est déjà grillé par la médiocrité de son public ( nous tous dociles)  face à la médiocrité de sa performance . 
Autant d’indigence me rend triste. 
C’est très complaisant tout ça. Toute cette violence nécessaire et probablement sincère qui ne donne qu’une mascarade filmée et photographiée sous toutes les coutures. Les filles qui courent autour avec leur appareil photo, service presse et grosses caméras..
La performance ( de toutes les façons est une vieille lune obsolète) mais celle ci , si naive, autant qu’un spectacle de Pippo del Bono. Putain. les barbelés, le sang? Ca va…  Et toutes les images-diaporama de ces types qui du fond de leur vieux trou n’imaginent pas “ça”.
Ou alors on est trop vieux et on se dit que ce n’est plus concevable.

J’irai voir ” honnor de cavalleria” qui m’intrigue.
On s’est barrés tranquillement avec Jonathan et on a préféré aller boire une bière au bistrot derrière papoter et regarder les gens.
bzzz”

Wilde est un bifteck

C’était agréable ce moment passé à N.

Il y fait très chaud. Nous parlons en buvant un café ( moi deux ) et G.A m’emmène visiter la Bibliothèque en me racontant plein d’histoires des soeurs qui vécurent là, dans une sorte de Grey-Gardens à elles:

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J’attrape un livre jaune. Oscar Wilde. On le feuillète en souriant car il contient des “truffes” amusantes. Je ne savais pas ce qu’était une truffe: Ce nom désigne tout ce qui s’ajoute au livre: Billet de spectacle entre deux pages, notes, fleur séchée, dédicace etc…). Celle ci est bien et c’est presque le titre de l’exposition de Juin prochain.

“J’ai vu Wilde. Sa face était rouge comme un bifteck”

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J’adore ce genre de petite bibliothèque personnelle à étages et en boiseries. Rien n’y est vraiment rangé et un livre Pierre Benoit est rangé à côté de Baudelaire, ou d’un truc écrit en allemand. Beaucoup de livres d’art, d’architecture, etc.

Puis je me promène dans les salles, fais des photos des espaces, regarde le parc par la fenêtre. Immense.

G. me ramène à République en poursuivant le récit de ce qu’il découvre à la BN. Il me raconte aussi l’effroi au 104 alors que c’était encore “Les pompes funèbres générales” avec les cercueils rangés par catégorie, les chevaux etc. c’est immense en plus le 104.

Je m’achète un jus de coco et une petite bouteille d’eau. Des madeleines pas bonnes du tout.

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Comme je suis en avance , je me pose près d’une borne vélib. C’est super désagréable les bip bip. Je note deux trucs que disent des passants, commence un livre, regarde la vieille femme avec son chien et son chat et son drôle d’instrument à une corde.Elle a une longue jupe noire plissée qui doit en couvrir une autre. Le chien a une sorte de petit habit rouge déplumé, le chat idem avec un noeud blanc. Ca me fait penser à Vitalis…Je les ai déjà vus. D’habitude il y a un vieux aussi.

L’instrument ressemble à une gadoulka ( Roumanie je crois ) qui n’aurait qu’une corde et la façon dont elle en joue si on peut dire est si répétitive que je me demande comment elle peut le supporter .

Puis j’y vais…

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