Heu…

Je n’en peux plus d’entendre parler de ce virus/ Le pire c’est sur France Culture la lecture de lettre d’auditeurs. Lue par Augustin T si je ne me trompe, avec une voix gnan gnan et une musique de fond je crois. Les complots, les masques, les tests, les EPHAD, le déconfinement. Et on recommence. Bon j’ai plus envie de lire que de peindre, comme d’habitude.

Fatigant. Hier MOTS DU SOIR 21

Je n’aime d’ailleurs pas ce titre. Bref mais je n’avais jamais lu NB. Un livre était dans la bibliothèque. j’aime beaucoup.J’ai envie de regarder plein de films jamais vus. Mais pas assez de restau.( correction pour un fois judicieuse! un bon restau aussi et du réseau)

NICOLAS BOUVIER/ LE POISSON SCORPION/ chapitre XIII 

D’un plus petit que soi

Va voir la fourmi, paresseux, et inspire-toi de ses oeuvres Proverbes VI,6

Pour les exécutions fignolées, les besognes menées à chef, l’esprit de suite, les sobres massacres et les travaux de génie civil à côté desquels le Louvre est un simple pâté, prière ici de s’adresser aux insectes. Mon Ile mérite certes de reproches, mais une reine termite y peut atteindre 100 ans et mettre au monde 30 000 sujets par jour. Trouvez moi un Bourbon, ou un Grimaldi qui en ferait autant. Quant à l’action militante, au dévouement à la Cause, pas un de mes trotskistes ne pourrait s’aligner. Seule une longue fréquentation de ce petit monde quand je suis immobile sur ma chaise à m’expliquer avec la fièvre ou les souvenirs, me permet d’être aussi péremptoire.Malgré quelques morsures et tous les tracas que ces forcenés me valent, l’acharnement qui gouverne la moindre de leurs entreprises m’inspire une sorte de respect.Termes nocturnisTermes obscuricepsTermes taprobanisTermes monoceros dont les soldats ont en guise de têteune seringue à poison si volumineusequ’elle les fait titubercomme les ivrognes des poèmes TangTermes convulsionnaires dont les coloniessont en certaines occasions solennellesfrappées par la danse de Saint-GuyUtriusque Indiae calamitas summa vous êtes le plus ancien ornement de mon îleson orgueil est son plus grand souciEt vous autres lilliputienscouverts de corne et de chitinediner de têtes conçu par un Arcimboldo démenttueurs sans palabres ni gaspillagesans champ d’honneur ni fleur au fusildynasties emportées en une nuit de carnagepour je ne sais quel obscur projet collectifque puis-je encore apprendreà votre noire école?menus fourrageurs de viedans vos cathédrales d’argilene m’oubliez pasdans vos messes minusculesdans le champ inquiet des élytrespriez pour moi .De tous mes pensionnaires, le cancrelat est le plus inoffensif et le plus irritant. Le cancrelat est un vaurien. Il n’a aucune tenue dans ce monde ni dans l’autre. Plutôt qu’une créature, c’est un brouillon. Depuis le Pliocène il n’a rien fait pour s’améliorer. Ne parlons pas de sa couleur de tabac chiqué pour laquelle la nature ne s’était vraiment pas mise en frais .Mais ses évolutions erratiques, sans aucun projet décelable, ce port de casque subalterne et furtif, cette couardise au moment du trépas! Voilà pourtant longtemps que je ne les écrase plus à cause des fossoyeurs de toutes sortes, autrement dangereux que ces dépouilles m’amènent. J’en reconnais même quelques uns, parmi les plus sales et les plus négligés—un léger clopinement, une aile rongée—auxquels j’ai donné des sobriquets affectueux mais dérisoires.Leur étourderie, souvent mortell , me fait même sourire aujourd’hui. Leurs trajets sur ma table ou autour de ma chaise sont marqués par un affolement tel qu’il les fait parfois culbuter. D’un cancrelat sur le dos, autant dire qu’il est perdu et qu’il le sait. Il faut voir alors cet abdomen palpitant offert à la vigilance de tous les dards, pinces, mandibules, appétits qui mettent tant d’animation dans ce logis; le battement des pattes qui télégraphient de mélancoliques adieux, la panique convulsive des antennes alertées par le frôlement d’un rôdeur qui s’approche ou par le vol irrité de la guêpe Ichneumon qui cherche justement un garde-manger pour y pondre ses oeufs. Il y a plus de monde qu’on ne l’imagine dans cette chambre où je me sens pourtant  si seul et le cancrelat—Dieu soit loué— n’y compte pas que des amis .La vie des insectes ressemble en ceci à la nôtre: on a pas plus tôt fait  connaissance qu’il y a déjà un vainqueur et un vaincu.

Retour en haut