AFTER

8h58. Ecrire dans le lit. Entendre en bas les voix. Entendre une respiration. Entendre les oiseaux au bout de l’appartement.

Voir où je m’étais arrêtée. Retour Florence ( qui semble bien loin ).Au retour les diplômes blancs ( parler de son travail sans support d’image. Parler d’autre chose aussi, c’est mieux )

Travail intense à Saint-Ouen pour la réalisation des objets qui seront sur la table. Je mets longtemps à me décider, à hésiter , à tester, à avoir peur: Quelle couleur, quel émail pour tous ces objets ( vases, surtouts, boules en étoile, scènettes avec ana-imaux, épées, aigles, perles, animaux juchés sur des pyramides ). Puis je décide: ce sera doré. Lustre doré. Le premier objet sort du four, ça me fait grincer des dents mais ça me plait!. On y va. Le seul problème est que le lustre Or 10g est en rupture . Ou en trouver? Comme cela est évident, c’est en Savoie qu’on le débusque. On trouve 220 grammes et il faut réussir à tout faire. Jusqu’à la dernière goutte on badigeonne!!!Et voilà que tout brille. On dirait une commande pour les émirats !!!. Il ya eu aussi tout le travail en polystyrène sculpté, les tickets à coller. Encore une fois le budget a explosé.

Voilà. Ouf c’est terminé. En plus le Musée est au bout du monde. Je reviens après la réunion finale en bus. Le 32, puis le 31 ( il suffit d’avoir le temps et j’ai l’impression d’être en vacances . Là c’est Vendredi. Arrêt aux artistes pour une limonade. Suis crevée et commande une pizza au Carratello. Au lit.

Samedi matin le courage me manque pour aller au cours de Maitre Liu. RV pour finir le projet de la tapisserie d’Aubusson. J’ai encore un texte à écrire. On déjeune aux Petits gros. Mes ravioles sont mauvaises et le baba au rhum idem. Je dirais dégue. Il faut s’en tenir au hamburger je crois. Bref. On mange très mal souvent à la différence de l’Italie où j’ai l’impression que même dans les endroits les plus simples c’est délicieux. couac je repense à la crème des ravioles, liquide et fade.

Travail tout l’après midi et verre dans la cuisine.

La télé déraille à nouveau et je dois quitter SFR. Mais tous ces trucs de la vie courante m’exaspèrent ( repeindre l’appartement, régler ci et ça, répondre à… )

J’ai repris le livre de LBD sur Monet. La correspondance avec Clémenceau ( qui le traite de vieux maboul). Quand je veux écrire “maboul”je dois lutter avec Kaboul. En fait notre vie quotidienne personnelle nous donne à penser qu’à chaque instant il nous faut corriger nos actes comme s’il s’agissait d’anomalies, alors que ces ” anomalies ” sont notre liberté d’agir et de décider. Par exemple viendra le moment où je sortirai de l’immeuble par la droite et où un signal me dira que par la gauche c’est mieux selon des critères obscurs. C’est d’ailleurs ce qui se passe avec un GPS ( dont nous aurions beaucoup de mal à nous passer )

Lire Quand la maison brûle ne nous rassure pas vraiment. C’est démoralisant à vrai dire!!!

«Tutto quello che faccio non ha senso, se la casa brucia». Eppure proprio mentre la casa brucia occorre continuare come sempre, fare tutto con cura e precisione, forse ancora più studiosamente – anche se nessuno dovesse accorgersene. Può darsi che la vita sparisca dalla terra, che nessuna memoria resti di quello che è stato fatto, nel bene e nel male. Ma tu continua come prima, è tardi per cambiare, non c’è più tempo.

 Tout ce que je fais n’a pas de sens si la maison brûle. » Pourtant alors même que la maison brûle il convient de continuer comme avant, faire tout avec soin et précision, peut-être encore plus studieusement – même si personne ne devait s’en apercevoir. Il se peut que la vie disparaisse de la terre, qu’aucune mémoire ne reste de ce qui a été fait, en bien et en mal. Mais toi, continue comme avant, il est tard pour changer, il n’y a plus de temps.

Nous vivons dans des maisons, des villes consumées de fond en comble comme si elles étaient encore debout, les gens font semblant d’y habiter et sortent dans la rue masqués entre les ruines comme s’il y avait encore les quartiers familiers d’autrefois.

Et maintenant la flamme a changé de forme et de nature, elle s’est faite digitale, invisible et froide, mais justement pour cela elle est encore plus proche, elle nous assaille et nous encercle à tout instant.

BON/ 10h17

Je vais ne rien faire aujourd’hui bien que je doive regarder de la paperasse, les comptes marmottan, envoyer enfin le programme pour la master class à Venise, écrire le texte pour George Sand, commencer le livre pour Yvetot, enregistrer ma voix pour Marmottan.

Demain ranger atelier pour visites à venir. Raphael m’aidera.Quoi quoi quoi.

Chambre avec vue et Pontormo

De la mienne ( chambre à Torre del Cestello/ 3 eme étage et encore une volée de marches à l’intérieur…Fenêtre ouverte… ) Oltr’Arno qui vous fait détester l’autre côté du fleuve envahie des touristes même un Lundi. C’est désespérant . Ce matin Piazza Del Carmine un cappuccino etc.. Il fait beau et frais ( j’ai dormi la fenêtre grande ouverte )je marche vers la Brancacci. Mais ne vois pas les Masaccio. Puis en route vers l’exposition magnifique de Donatello au Palazzo Strozzi. On se faufile de façon plus ou moins autorisée et on est les premières à l’intérieur. Plaisir d’être seule dans les salles et de fuir dès que le groupe menaçant entre !!!! Beaucoup d’œuvres qui viennent de Londres, Pise, Berlin etc. Bronzes aux parties recouvertes de feuille d’or, madones de profil, surprises seules avec l’enfant Jésus.. Chevaux gigantesques, coffrets d’orfèvres et reliquaires. Ensuite promenade puis déjeuner chez Alfredo. J’adore leur soupe et la salade de lamelles de courgettes au pecorino et truffes. Un délice. Soleil sur un banc. Bien envie de dormir un moment !!Bargello. C’est beaucoup !!!

Proust est un auteur extrêmement sauvage“… C’est ce que j’entends. “Traffic avec soi-même”

Mais déjà j’avais retraversé le fleuve aux ténébreux méandres, j’étais remonté à la surface où s’ouvre le monde des vivants ; aussi si je répétais encore : « Francis Jammes, cerfs, cerfs », la suite de ces mots ne m’offrait plus le sens limpide et la logique qu’ils exprimaient si naturellement pour moi il y a un instant encore et que je ne pouvais plus me rappeler. Je ne comprenais plus même pourquoi le mot Aias, que m’avait dit tout à l’heure mon père, avait immédiatement signifié : « Prends garde d’avoir froid », sans aucun doute possible. J’avais oublié de fermer les volets et sans doute le grand jour m’avait éveillé. Mais je ne pus supporter d’avoir sous les yeux ces flots de la mer que ma grand-mère pouvait autrefois contempler pendant des heures ; l’image nouvelle de leur beauté indifférente se complétait aussitôt par l’idée qu’elle ne les voyait pas ; j’aurais voulu boucher mes oreilles à leur bruit, car maintenant la plénitude lumineuse de la plage creusait un vide dans mon coeur ; tout semblait me dire comme ces allées et ces pelouses d’un jardin public où je l’avais autrefois perdue, quand j’étais tout enfant : « Nous ne l’avons pas vue », et sous la rotondité du ciel pâle et divin je me sentais oppressé comme sous une immense cloche bleuâtre fermant un horizon où ma grand-mère n’était pas.

Pour ne plus rien voir, je me tournai du côté du mur, mais hélas ! ce qui était contre moi c’était cette cloison qui servait jadis entre nous deux de messager matinal, cette cloison qui, aussi docile qu’un violon à rendre toutes les nuances d’un sentiment, disait si exactement à ma grand-mère ma crainte à la fois de la réveiller, et si elle était éveillée déjà, de n’être pas entendu d’elle et qu’elle n’osât bouger, puis aussitôt comme la réplique d’un second instrument, m’annonçant sa venue et m’invitant au calme. Je n’osais pas approcher de cette cloison plus que d’un piano où ma grand-mère aurait joué et qui vibrerait encore de son toucher. Je savais que je pourrais frapper maintenant, même plus fort, que rien ne pourrait plus la réveiller, que je n’entendrais aucune réponse, que ma grand-mère ne viendrait plus. 

J’ai rêvé de Thomas qui il y quelques années a décidé de ne plus donner aucune nouvelle, ce qui me peine. Me réveille maintenant vers 6h30.

On fait 10 km par jour. Piazza Del Carmine café , et hier bon diné à la trattoria du même nom. Les Offices ce matin. Une horreur au deuxième étage. Des groupes, du monde, à détester les gens. Et là on se dit que comme le signifie TripAdvisor, la visite d’un Musée est une “attraction” . Je m’assieds dans le couloir des T’empesta, renonce aux Boticcelli, mets mes écouteurs et écoute avec délices, les A voix nue de André Wilms. Quelle intelligence et quelle drôlerie. Je l’avais vu pour la première fois interpréter les Sonnets de Shakespeare il y a 100 ans. Tiens je regarde quand c’était…

“Il n’est pas d’expression plus vive et plus cruelle de l’amour”, disait Pierre Jean Jouve, des Sonnets de Shakespeare, superbement joués par André Wilms et Jorge Silva Melo. ” Oh 1989 !

Il me semble qu’il y avait Joëlle Leandre qui jouait et que la scène représentait la Mélancolie de Durer. Je me trompe peut -être. C’était les Ambassadeurs? Oui Holbein.

Since the late 80s, André Wilms has worked as a director for performing arts and opera producing an impressive body of work. As a stage director, Wilms has led his own productions of Béla Bartók’s “Le Château de Barbe Bleue”, Philippe Hersant’s “Le Château des Carpathes”, Marquis de Sade’s “La Philosophie dans le boudoir”, Brecht’s “La Noce chez les petits bourgeois”, “The Bacchae” by Euripides and Biljana Srbljanovic’s “Histoires de famille”, among others. He has directed works for a number of festivals and venues including Festival International de Montpellier, Opéra de Montpellier, Munich Marstall, Théâtre de la Colline, Nanterre, Francfort, Comédie Française, Festival de Schwetzonger, Théâtrede l’Athénée Louis-Jouvet.

Bref, A W m’a ôté ma mauvaise humeur totale et mon envie de partir. J’ai écouté sous les T’empesta, 4 émissions de 30 mn. Un vrai bonheur. Donc j’ai effacé “les gens “, leur bruit ( Le silence est un acte révolutionnaire dit Wilms, leur façon de photographier sans aucune application, sans regard, sans rien de subtil. Sans attendre que le tableau soit enfin privé d’une tête devant, d’un profil épais, d’une manche de doudoune ou bout de sac à dos. La salle des Gnobides, toujours déserte.. EH BIEN NON. Des gens. Des gens…

Le premier étage est nettement plus fréquentable, pas à cause de Caravage et autres Vasari, Bronzino, Greco et j’en passe, mais parce que l’on dirait qu’il y a soudain davantage d’attention et d’intelligence. Les autres ont calé et sont descendus par la voie directe, saturés d’images et juste encore un peu vivants pour acheter les saloperies de la première partie du ” shop “, dont on est prisonnier un moment . (comme chez Ikea qui nous force à passer par les canapés alors que l’on veut uniquement acheter deux couettes.)

Direction Chez Alfredo encore, petit restaurant tout à côté. Familial . Habitués. Un Monsieur s’installe et on sait sans qu’il ne pipe mot, ce qu’il veut. Le Mercredi ce sont les tripes je crois, puis une salade de fruit, sans qu’un mot soit prononcé. Une soupe de légume et c’est le bonheur, une bruschetta, moi qui n’aime pas déjeuner et encore moins au restaurant je suis contente.

Etre contente m’arrive de temps en temps mais je suis plutôt grognon, râlant en permanence, critiquant ” les gens”qui sont comme ci et comme ça. J’échappe de justesse au ” C’était mieux avant “.

Non je plaisante.

C’était un Dimanche

Les lumières du Faubourg 2006 KAURISMAKI

L’homme sans passé

Ariel

C’était un Dimanche, un de ceux où je ne peux plus avancer alors je regarde des films dans la chambre. Comme un remède.

Je ne vis plus pourrait on dire et fini, F.I.N.I ces concours, commandes et autre bouffe-temps qui me rendent grognon. Depuis Décembre pas de peinture mais des recherches, des soupirs, des maquettes. La seule chose qui me fasse plaisir est le fait de travailler à Saint Ouen et de fabriquer mes machins en terre. Essayé l’émail. C’est moche. La solution est la peinture et le feuille d’or. Pas de temps pour être délicat avec l’émail auquel je ne connais rien.

Commence la bio de George Sand de Michele Perrot , acheté Autoportrait Au roitelet, corrigé des textes. Ne lis qu’à peine. Picore ( comme un roitelet ). N’arrête pas. Sature. Ai mal au dos presque en permanence. Corps qui rouille. Envie de mer. Nostalgie du confinement dans le forez.

Suis retournée à l’atelier. Bordel à dégager. Trouver des bras.

RV ce matin aux Gobelins

Montpellier pas de nouvelles/ Nantes ça suit son cours/ Yvetot il faudrait un peu mieux réfléchir/ Aubusson … FAIRE / Marmottan finir les céramiques, faire un fusil en bois Ukrainien, aller voir le décor. Hier promenade dans les Beaux arts avec B. pour sa recherche de décor. Temps magnifique. J’aime le printemps.

Exposition Toyen . Je connaissais un peu et j’avais vu cela à Prague. A vrai dire ça m’ennuie vite, après quelques surprises et éditions. La partie Sade est quand même niaise. Annie Lebrun est là . On dirait qu’elle rétrécit. Tentative d eider au man ou au Palais de Tokyo. Full. On a mangé un recul au Wilson qui est plutôt sympathique et pas chic? Rentrés en bus by night. M’allonge et m’endort.

Acheter de la feuille d’or

Ecouter Bruno LAtour

Lire le Monet de LBD

Florence bientôt !!!

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