DU TRACTEUR AU TRACTATUS ?

A. Loos

« Mon livre consiste en deux parties : celle ici présentée, plus ce que je n’ai pas écrit. Et c’est précisément cette seconde partie qui est la partie importante. Mon livre trace pour ainsi dire de l’intérieur les limites de la sphère de l’éthique, et je suis convaincu que c’est la SEULE façon rigoureuse de tracer ces limites. En bref, je crois que là où tant d’autres aujourd’hui pérorent, je me suis arrangé pour tout mettre bien à sa place en me taisant là-dessus. »

Je pensais en souriant au paysan en face de la maison et qui nous amène devant les yeux ses vaches et je l’imaginais, Tractatus en main. Remarque que je ne me pense pas plus maligne et qu’en plus je ne connais rien aux vaches!!!. Qu’en ai-je lu? Je ne parle même pas de comprendre !!!

De Wittgenstein je connais bien peu. Je l’ai rencontré par le Neveu si l’on peut dire et donc par Thomas Bernhard. J’ai lu deux fois ce très beau livre qui ne dit rien de l’oncle finalement.  Il me semble avoir parlé quelque part de cette scène magnifique ( si ma mémoire n’invente pas ) des arbres et sur leurs branches les petits mouchoirs aux taches rouges des tuberculeux.

J’aime bien Wittgenstein. Il m’est sympathique et ce devait tout comme Thomas être un emmerdeur. J’ai reçu il y a quelques jours le livre que j’avais commandé à Julien:

Penser, dessiner, construire. Wittgenstein et l’architecture.

J’ai dit à J:

— Encore un que je ne lirai pas, puis je l’ai montré à R qui m’a dit

— Ah oui, la maison de W.

Ah bon? C’est quoi?

Bon maintenant je sais. Il avait une soeur et à la suite d’un architecte disciple de Loos ( et son ornement comme crime-j’adore ce titre ) il a conçu cette maison, au détail près au mm près pourrait on dire. Tout à l’heure je vais acheter Corrections de Thomas Bernhard , où il est question de cette maison et d’un projet d’architecture idéale, pourrait on dire, ou d’un cénotaphe ( pourrait-on dire ) en pleine forêt. Il est question aussi d’une mansarde de 4 m par 5,

Les lieux secrets

Ce matin, j’ai pris mon temps réveillée par la Villa Medicis qui me demandait si j’étais libre le 15 mars pour la réunion du jury. Puis j’ai embarqué l’ordi et le livre cité plus haut, au café. J’ai trainé. Un paquet est arrivé pour moi. J’ai décidé de marcher jusqu’au Louvre, et de traverser les jardins du Palais-Royal que j’adore. Suis passée avant devant le Grand Colbert, où on a passé nombre de moments délicieux tous les deux avec R. C’était gai cette brasserie d’après théâtre. Je n’y suis jamais retournée et n’y retournerai pas.

Me suis assise au soleil. Il n’y avait personne. C’était magique. J’ai fermé les yeux avec délices, lu un peu et attendu V devant le Fumoir où j’ai d’ailleurs diné hier .J’étais crevée après la journée d’UC aux Beaux-arts mais c’est toujours plaisant de diner avec Marc.

J’avais RV dans la cour carrée du Louvre, porte des Arts pour voir le centre Vivant Denon. Ah bon c’est quoi?

Il faut une carte d’identité et oser prendre l’ascenseur qui semble avoir de la bouteille. Moi je monte au second à pieds. C’est haut !. Arrivées là, ce sont deux grands couloirs et une bibliothèque vide. C’est trop bien. On regarde ce qu’a fait JMA ( présenter des éditions originales de lectures de Walter Benjamin, { dont Siménon! } etc.

C’est un bon repère tranquille.

Unlimited

HDELPRAT Projet/ Notes

Le projet a été pensé à partir d’une peinture monumentale récente.

Où est la bataille ?

Titre: Où est la bataille?
Elements:
—Une peinture pigment et acrylique sur toile/ paillettes ( 245 X 950 )

—Chaines en résine or
—Médaillons « bouche de vérité », bas reliefs, éléments d’ornementation en résine

—2 centaures sur socle ( résine ) —1 centaure cassé ( résine)

—1 personnage pendu polystyrène et vêtements
—Deux chaises
L’ensemble est installé sur un socle ( scène )
Drapeaux ( mats en bois, heaume résine or et impression des motifs ) sur textile On ne peut entrer dans cet espace

Où est la bataille ?

Je transforme la peinture en un décor de scène. C’est un panoramique-nature at a glance, sans acteurs, sans théâtre.
On connait les maquettes qui servaient à visualiser les combats et aussi ce qu’on appelle :

Le théâtre des opérations.

Le roi observant de loin les affrontements est souvent représenté dans les scènes .

La toile de fond est une sorte de Combat des Lapithes ( Piero di Cosimo ) ou Bataille de San Romano (Uccello) ridicule et déglinguée… Une scène de bataille, ou de guerre avec décorations, médailles et autres smileys réjouis.
Ce n’est pas une peinture d’histoire mais c’est un récit.

Des fantômes à la Disney défilent ou s’ affrontent dans une maquette géante:
Centaures brisés, chaines, étendards, ornements , (on retrouve dans d’autres peintures ce motif des drapeaux en lignes croisées oranges -Etendard de mon Territoire Autonome.
Têtes coupées, lances, armure (Les armures sont paradoxalement des outils de défense ou d’apparat d’une grande sophistication: pourquoi tant de beauté, pourquoi l’orfèvrerie pour combattre. Ces motifs complexes gravés qu’on peut trouver aussi sur des pièces d’argenterie, rendent le corps magnifique, rayonnant comme une apparition et le protègent: La guerre élégante.

Une chaise soutient la peinture qui s’est effondrée, une autre empêche la chute d’un drapeau.
On ne sait si c’est une vraie scénographie, ou une catastrophe. On ne sait si une répétition théâtrale a eu lieu, quel en était le texte, l’auteur. On ne sait si cela a eu lieu ou aura lieu sur une scène d’opera . Pourquoi ne reste t’il que des décombres.
On ne sait rien.
Je m’intéresse depuis toujours aux faits de guerre, scènes de bataille et armures.

Ostermeier pas le meilleur

Quand je suis arrivée au Funérarium et me suis garée,( c’était devenu tout noir ), une sorte de parking jardin avec un voix qui disait que l’absence de lumière était liée à la cérémonie. J’ai vu que la chaise en plastique bleue était restée sur le toit. Je l’ai mise dans le coffre.( C’est marrant ces détails franchement incongrus dans les rêves. C’est génial ) Puis L. est venu vers moi, il rangeait des quartiers de mandarine assemblés en pile.J’en ai demandé un peu.

Avant j’avais zigzagué à vélo dans une ville et je ne sais plus. Un type sortait d’une voiture en souriant.

Hier soir, Armelle m’a invitée à aller voir Retour à Reims. Je l’attendais avec deux verre de vin blanc, et miracle une table s’est libérée. On a pu papoter un peu et j’étais bien contente de la voir.Places excellente bien sur. C’est la première.

Au début ça me plait. Le décor studio d’enregistrement, l’écran, la voix off de Catherine Jacob. Ce que je remarque immédiatement, même si il ne dit pas grand-chose-une histoire pas terrible de machine à café- c’est que l’acteur blanc ( sais pas son nom ) n’est pas juste. Pas bon. Mais il reste longtemps tapi dans la cabine d’enregistrement et c’est bien comme ça!.

C’est interessant, on se laisse aller à l’écoute de cette histoire de Eribon  que je n’avais pas lue, au film qui n’est pas mal.( et Catherine Jacob lit merveilleusement. ) J’ai lu “à propos” de ce livre mais pas lu le livre.

Bon ça se gâte quand l’autre sort de sa cabine ( l’acteur noir est bien lui ). Il joue. Il joue et compose.Il compose le mec passionné qui argumente et doute à la fois.  Bouh. Pénible. Et le truc part sur les gilets jaunes, sur un échange d’idées: faut-il mettre ces images ou pas, faut-il faire disparaitre Eribon et en devenir que politique. Bref. On assiste alors ( je passe le rap et ses paroles ) à un exercice aussi complaisant à mon gout, que pédagogique. Il y a tous les ingrédients de qui cherche à plaire. Ca Ostermeier? Ah bon! Ben moi j’aime pas ça. S’il avait 25 ans ça passerait .Peut-être.

Je trouve que c’est un spectacle superficiel malgré les apparences et surtout démagogique .

Un tas d’archives de Duclos à Mitterrand, de Dany à Marine Le Pen, travail à la chaine, manifs, syndicats.

C’est devenu emmerdant . Puis on a eu droit  ( via le récit de la vie du grand père de l’acteur black )aux tirailleurs sénégalais et à la guerre et au drame de ceux qui se sont fait tuer non pour la France mais par des Français. Et video et caméra et téléphone portable.Et les deux autres Catherine et le pas bon qui posent des questions cucu. Bref au moins au bistrot on peut se tourner même si la conversation nous saoule.

Me suis tournée vers Armelle en soupirant d’aise à l’idée de la fin. Elle m’a dit:

Ostermeier est un nigaud, il nous prend pour des nigauds mais c’est lui le nigaud !!!

J’ai bien ri et les gens applaudissaient applaudissaient. Sauf la dame d’à côté.

ANDY PRES DU 22

Bob Wilson à Andy

Hier matin, je pensais à Andy, ce que je ne fais pas tous les jours. J’ai reçu ses voeux il y 3 jours. Où sont-ils? Je repensais au plaisir de voir qu’il était assis , seul à Saint-Roch lorsque R. est mort. Il est là , me suis-je dit , Andy est venu…et suis allée l’embrasser. Jean était là aussi dans un autre coin, avec des fleurs. J’y repense avec émotion. Donc je me disais qu’il faudrait qu’enfin je le filme. Avec sa ” gueule “. Ses …

Heu j’écrivais quoi. Bref.

Plus tard dans la journée, je vais au RV chez le Médecin. Suis bien surprise de me retrouver rue Georges Bizet ( le nom de mon grand-père ! ) et au 22bis. J’ai passé tant d’heures au 22 chez Nicole Stephane .( Il serait temps que je m’occupe  de la page Wiki qui est vraiment sommaire ).

J’ai passé là des heures si délicieuses en vue d’un film qui est fini mais pas montré encore.

En face et collé avec du scotch sur le mur de la clinique GB, il y avait un mot manuscrit.

Madame Tereopa/ Amen/ maladie de coeur.

 Etrange.

Bref. J’ai levé le front. Je suis restée ainsi un moment à regarder les balcons. Etait-ce au 5 eme étage? Oui. Je crois. On avait écouté par un beau jour les cloches de l’église à côté. Ah Nicole …

J’ai repris mon vélo, jeté un dernier coup d’oeil vers le haut comme si cela aidait à ramener des images un peu plus… Faisant un  demi tour rapide devant chez Gucci, mon téléphone a sonné. Enjouée j’ai répondu ” Comment tu vas Jean?? “

Et Jean m’a dit que Andy était mort le matin à l’hôpital de Montauban.

Lui et son accent Américain , morts.

Voilà. Le 22 en tête, la Concorde devant j’ai pédalé en revoyant des moments de l’abbaye Fontevrault si gais et du décor de la Belle et la Bête que j’avais fait.

J’ai revu Scarlatti, j’ai revu tes éclats de rire Andy.

Et ton mystère et ta beauté de diable.

Est ce que quelqu’un a prévenu Bob?

L’EXPLOSION QUI N’A PAS LIEU: NI DANS LE CIEL NI HELAS AUX BEAUX- ARTS

« J’étais Hamlet. Je me tenais sur le rivage et je parlais avec le ressac BLABLA, dans le dos les ruines de l’Europe. » HM

Le 30 Décembre je ne sais pas ce qui s’est passé mais 500 visites sur ce blog c’est énorme et ça n’arrive jamais. 

Réveil désagréable après un rêve catastrophe. En première partie, il s’agissait d’une exposition, de trucs en terre que j’avais laissés sur une table et que des gens travaillaient à ma place. Une fille avait sur un personnage rajouté une coiffure imposante. Et j’avais réagi en disant qu’il fallait me demander pour intervenir sur mon travail. Il y avait un étage, mon frère, mon vélo toujours là où il ne faut pas. En Italie, dans un autre quartier éloigné..

On a des manteaux.

Un Monsieur ressemble à ceux de Saint-Bonnet. Je remplis d’eau un verre, le sien qui contient du pastis (???) et je m’en excuse.

Deuxième partie. On est à plusieurs sur la terrasse d’Argenteuil qui n’est pas à la place qu’elle a dans la réalité. Bref on est côte à côte et on regarde le ciel bleu. Il y a les traces nuageuses des avions dans le ciel. Ciel que j’avais l’habitude de regarder à une certaine heure, car le Concorde y passait.( Ça c’est vrai ) On regarde donc, comme des personnages de Hopper. On est des morceaux de peinture de Hopper. Silencieux, au balcon, on scrute le ciel. On ne cherche rien néanmoins. Donc on ne scrute pas, on se laisse envahir par cette idée du ciel et des lignes blanches. C’est un peu ça la scène. Cinq personnes épaule contre épaule, silencieux, et regardant le ciel. Soudain je remarque que deux avions sur la même diagonale et dont les queues se touchent, volent donc dans des sens contraires. Cul à cul. Bizarre.  L’un descend, l’autre monte. Bon. Soudain il y a une forme de véhicule spatial. ( Là c’est Orion que j’ai trouvé et j’ai gommé les panneaux en ailes de moulin autour.) C’est ce qui ressemble le plus. C’est beau, dans mon rêve c’est gris. On regarde en se demandant s’il y a quelqu’un là-dedans. On pense avec effroi à une chute possible. Mais non. Qu’est-ce que ce truc? . On se le demande quand il change de trajectoire, grossit à vue d’oeil et passe par dessus nos têtes en faisant un bruit d’explosion effroyable. On rentre la tête dans les épaules, nous attendant au pire: le contre-coup, l’effondrement du monde, les morts sans doute. Tous les morts. Mais rien… Plus un bruit. Devant nous et derrière un banc de fumée, il y a des flammes claires.

Le rêve prend fin avant la déflagration qui devrait suivre en toute logique. Mais…

 

Déposer un coussin rempli de terre sous la tête des défunts ( terre d’Israël , dépôt symbolique ).

Hier les UC aux Beaux-Arts avec heureusement Jonathan. 20 personnes environ. Et en général des présentations assez médiocres il faut bien le dire. Sauf heureusement des choses très bien, travaillées, vivantes et pleines de question. Un manque de travail éviident. Manque de je ne sais quoi, de conscience de ce que l’on montre, de ce qui serait possible. Quelques cas rares heureusement de prétention.

Qu’aviez vous écrit sur le double?

-Je ne sais plus…

Je crois qu’il y aurait un film très drôle de certains moments où l’on est anéantis. Je le disais à X alors que côte à côte nous devisions sur son objet ( sculpture, ready made, truc qui pourrait générer au moins des risques. )L’objet étant posé entre deux tabourets, soudain devenait quelque chose quand , après avoir éteint je l’ai éclairé avec mon téléphone . Nous étions deux acteurs d’un mauvais film sur l’art dit contemporain. Parler sur rien. Baver, dirais-je. Ridicule. Sans rire, c’est le peu d’audace et de risque qui est affligeant alors que je donne toute liberté. Depuis 4 ans, c’est sans doute l’année la moins interessante. Alors que les étudiants sont en général intéressants. La liberté  n’est pas utilisée. C’est scolaire. Elémentaire. On se contente de ( mal ) présenter des trucs, on se contente de trop peu. Il faut insister pour qu’on nous dise enfin des choses intéressantes ou tout au moins personnelles. Le mot est négligent.

Pourquoi. Pourquoi. Et pourquoi, je sais à l’avance si ça sera ” bien”. Je le sais. Le comportement indique quand-même ( on peut se tromper )

Bon. Travailler. Retravailler après avoir arrêté presque un moi. Cette faute et oubli du s change le sens de la phrase et l’améliore peut-être. C’est assez juste cet arrêt de soi/ Oui c’est juste. Car quand j’arrête de travailler, je n’existe plus, ou j’existe mal. Aujourd’hui en est la preuve.

Je tourne dans l’appartement et heureusement qu’il y a la place.  Hum. Pas facile. Paralysée et paresseuse.

Modern art et grotesque
Le moi peut en effet déchoir, chuter, s’éclipser tout en continuant à être lui-même. Claude Romano
Penser, dessiner, construire Wittgenstein & l’architecture Sous la direction de Céline Poisson
Erreurs choisies, L’Arche, 1988.

 

VIVIERS 2019


Le meilleur finalement c’est de rouler vers. Rouler vers… Vers l’idée que l’on a de quelque part ailleurs . Ailleurs que l’on connaît déjà et que l’on va retrouver . Le meilleur est d’être entre le départ et l’arrivée. Nulle part .

OUI. En somme nulle part. S’arrêter sur une aire d’autoroute -surtout choisir celle où on ne vend pas d’essence- celle où il n’y a rien et qui au mieux s’appelle « Aire du héron cendré ». Comme si ce nom donnait au lieu, soudainement une sorte de pouvoir d’enchantement. Comme si l’on retrouvait un passé littéraire, une description du 19 eme siècle, une entrée dans une encyclopédie . Aire du héron cendré. Je l’ai ratée et me suis dit zut. Comme si …

La maison est chaude. Juste ce qu’il faut. Cheminée et ce matin bleu glacial. Les vaches sont dans le pré d’en face. Hier , comme d’habitude, drôle d’impression de rien avec ce silence, cette immobilité et une des vaches que j’entends dans le noir, me disant: Ah elles sont dehors c’est bizarre. Plus bas un tracteur ou un engin agricole rentre tous feux allumés et éblouissants. On dirait un vaisseau spatial d’un film de Mario Bava. 

Ce qu’on appelle les «  mémos vocaux «  font frémir quand la personne a disparu. Je me souviens avoir été paralysée à l’idée de réécouter . Effacer ou garder. Ecouter ou pas. Tu aurais aussi ressenti l’étrangeté du silence qui nous tombe dessus ici. Comme un masse. Ici, tu ne détestais qu’une chose: Le brouillard . Il descendait vers les grandes fenêtre c’est vrai et nous enfermait. Ca ne me gênait pas tant que ça. Toi si. La neige non plus tu ne l’aimais pas. Moi si. Il y a eu des moments blancs ici, magnifiques. Des marches dans les bois, des bouts de film avec F. 

Commencé un livre dont les phrases me semblent courtes. L’intérêt est la sensation d’une voix intérieure. Je ne parviens pas à trouver un livre qui m’absorbe totalement ( sauf les polars souvent, mais je ne peux pas passer ma vie à ça…)

*

On dirait que je me réveille du coma que je pense vivre chaque année en périodes de fêtes comme on dit. Même si je suis à la campagne, même si j’ai marché et fait du VTT, il y a cette sensation ,surtout pour le premier janvier, d’être hors du monde ou dans le monde mais hors du temps.

C’était bien agréable ces moments tout simples avec F et A. Les oiseaux dans mes épaules font des bruits de jouets en caoutchouc qui n’existent plus d’ailleurs. A l’instant je réponds à P. que le Royal China est bon: «  Il y a le Royal China « ké » bon et je correcteur corrige en Kérouac bon. Cette fois-ci ça m’amuse que Kérouac dont on cherchait justement hier la bibliographie, rapplique au moment de décider d’un endroit où déjeuner Vendredi. Je reparle de Pull my Daisy.

La cheminée avale bûche après bûche ,fume un peu quand-même et mes vêtements ont à présent cette odeur particulièrement cendrée. J’aime bien, moi, mais peut-être est-ce indisposant. Je viens de lire ce que Antoine Compagnon dit de l’écriture de Houellebecq à qui en vérité je n’ai jamais accordé beaucoup d’attention, mais sans doute ai-je tort.

L’image qui m’a le plus déplu ces derniers temps et l’apparition sur Instagram ( que je déteste en y participant et en me détestant évidemment ) l’apparition donc, de Kamel Mennour en haut d’une montagne bavaroise avec ses skis et sa femme ou compagne. 

J’écris immédiatement un SMS à Christophe :

En voyant sur Instagram KM en haut de sa montagne ça me donne la sensation désagréable de show-chic, suivi par un petit en re-soi nauséabond: photos de réveillons etc… Je trouve ça déprimant. Il me répond en deux bulles: Pareil. Très déprimant. Puis ça c’est mieux. Les photos ne se chargent que lentement ici et en attendant je lui envoie le linge qui sèche près de la cheminée. Les vaches dans le pré. Lui des ânes Lui la Corrèze, moi le Forez. Idem.

Je pense aussi à ce que j’ai entendu hier de ces milices bavaroises qui « maintiennent » l’odre. 

A ce propos revu hier Le Jardin des Finzi Contini qui est un beau film émouvant de De sica.

Je déteste ( en y participant lâchement et par exemple en montrant mon article paru dans Art Forum ) la promotion de soi : —Bientôt mon expo là et là affiché par CT. 

On ne s’en rend même plus compte. Cette auto promotion satisfaite, ces like cette sorte de clameur de Regardez-ce-que-je-fais-moi-et-comme-je-réussis-moi. C’est assez dégueu et même si je ne crois pas en abuser ça me dégoute quand même. 

Il fait un grand soleil. Il a aussi neigé hier. 

La route qui mène à Retournac est assez impressionnante, parfois austère et on ne voudrait pas rater un virage! En contrebas et dans le soleil il y a le village de Chalencon, à peine 8 habitants je crois , qu’on ne peut atteindre de ce côté qu’à pieds. Et par le pont du diable. Cela me rappelle à l’instant Brigadoon avec Gene Kelly !!!! De qui est Brigadoon??? Sais plus. MINELLI bien sûr !!!Technicolor années 50 c’est certain. Le village ne réapparait que tous les 100 ans si je me souviens bien. A Chalencon, je crois que le diable propose de venir en aide au villageois pour la construction difficile du pont. En échange il demande que la première âme qui passera lui appartienne. Le Seigneur du château se dévoue et commence à traverser le pont. Un chien surgit et le dépasse, devenant ainsi le butin du Diable. Dans Brigadoon je me souviens de pas mal de carton pâte. C’est vraiment très kitch avec Ecossais en pagaille, tartans et compagnie. 

Je n’ai pas vu passer ces dix jours, rien sorti de ce que j’avais prévu. Je vouais dessiner, et aussi faire la maquette pour Unlimited. Rien de tout cela. Rien. Lecture minable: en 10 jours un polar moyen et quelques nouvelles de Simenon. Le désastre!!!. J’aimerais rentrer ou rester je n’en sais rien au moment du départ (déjà ) après -demain.

Bref pour en revenir à Retournac, ville triste et sinistrée comme les autres ( on voit que les rez-de -chaussée étaient des boutiques autrefois ) , on n’a pas envie de rester dans son ombre. C’est assez sinistre je dois dire, même si la Loire n’est pas loin; On se disait en regardant trois jeunes filles rire,  que vivre là, Brr. Mais peut-être vivre ailleurs aussi, et tout simplement vivre à partir d’un certain moment !!!! 

On est repartis après un thé dans LE café restaurant où on a tendu l’oreille pour écouter les deux messieurs qui parlaient de bon coeur en buvant des rosé. En renvoyant les coups d’oeil à la table plus loin, vers les vieilles dames nous scannaient comme «  pas d’ici « !!!

La boucherie annonçait des tomates farcies et un gratin de légumes. On a repris la voiture et pas le même chemin pour rentrer. Usson désert. Les cafés fermés. Estivareilles. Seul le bar de la pompe à essence est ouvert et désert. Il faut avoir envie. La Chapelle tout fermé. C’est fou comme ces pays où l’on trouvait plusieurs cafés par village ou même hameau sont désertés. 

On dirait que les gens se contentent de traverser en voiture les endroits pour aller se coller devant leur télé dans une ferme rénovée, ou un genre de villa de lotissement comme il en fleurit. Avec des portails automatiques. C’est trop moche.

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