Retour à Argenteuil…

La maison de Wittgenstein

Pas besoin d’Ostermeier pour montrer cette journée. Il y a eu une mauvaise critique de son Retour à Reims dans Libé. Je ne sais plus trop ce qui est dit mais de toutes façons je suis pour toutes les critiques négatives de ce truc. Tiens je saisis ça pendant que j’y pense. C’est le site des bibliothèques des Musées comme celle du centre Vivant Denon.

J’avais envoyé un SMS à CG en lui disant:

Je suis dans le train pour A.J’espère qu’i l n’arrivera jamais. 

C’est vrai. J’avais envie que ce transport ne cesse pas, et me permette de lire jusqu’au bout Corrections. Corrections est un livre fou, que je n’ai pas terminé encore mais qui vous envoûte littéralement. Thomas Bernhard est purement génial. C’est quand même une autre pointure que H. ( je ne mets que l’initiale car il a eu tellement de presse, que je n’ai ni envie de lire, ni de parler du livre même si je ne l’ai pas lu!!? ). C’est Asphixie plutôt que Corrections, ou Extinction ou je n’en sais rien.Le livre des mondanités. Le livre qu’il faut avoir lu. Basta. C’est chiant . On ne peut pas sortir sans en entendre parler. Moi je ne suis pas bornée mais il n’y a quand même pas que Houellebecq. Si? Bon. C’est pas… non plus??? Si. Bref je retourne à Wittgenstein et Thomas Bernhard et son écriture proprement ahurissante. Ces répétitions progressions par cercles et cercle et cercle qui soudain s’agrandit un peu et on glisse un peu ailleurs, on sort de l’enfer de cette répétition ( ça me fait penser à la musique de qui. Zut je n’y connais rien. Heu je vais trouver. Ce sont des cercles aussi et vous en êtes prisonnier. Zemlinsky.) pour entrer dans une autre. Je ne sais pas on dirait des anneaux de chenille. Non? La mansarde Holler. Cambridge. Altesam. Le cône. Le torrent. Le bruit du torrent la deuxième maison Holler. Et le cône, les plans du cône, cette construction démente au coeur d’une forêt. La mort de la soeur à qui est destiné le cône. Roithamer qui descend vers la maison Holler, l’autre qui monte vers Altesam. Chacun cherchant ou respirer et se croisant parfois par hasard au niveau d’une clairière où Roithamer se suicide.

Je ris en écoutant l’histoire de Bichofberger qui invite Basquiat à Saint Moritz pour se reposer et quand l’autre arrive il se trouve face à des châssis et de la peinture. C’est quand même dégueulasse. Je ne sais pas, pas bien suivi, s’il a peint sur le canapé chic. J’espère qu’il a tout salopé.

On est allés au cinéma. On a vu une histoire de famille. Hier on a bu un verre Aux oiseaux. Depuis l e temps je n’y étais jamais allée. J’aime bien, c’est un bar démodé d’Anvers. Et il y a beaucoup de portugais qui boivent une bière à 2,50 euros.e patron est Portugais et il donne des cacahuètes  avec leur enveloppe.

Une femme refaite, un homme? Non une femme est entrée avec des lunettes noires et je la regardais parler avec une femme noire plus petite avec son turban sur la tête. Les Portugais de ce soir là, ont les cheveux drus et implantés bas. C’est très peu cher. Puis on est rentrés et on a mangé des bons trucs préparés par R.

J’ai donc retrouvé A. et rangé l’atelier. Sorti les sacs poubelle, allumé le chauffage. Me suis assise. J’ai regardé… Rien. Lu un peu… Déplacé des trucs, mis des plastiques propres au sol et ça m’a fait plaisir ce semblant de propre. Il y a beaucoup de choses à expédier à SB. Dans le premier atelier on ne peut plus rien faire à cause du rail de la MR et des trucs revenus d’expo. Puis je suis rentrée à Paris à vélo. J’aime bien faire ces 12 km de traversée de banlieue moche, qui arrivent dans la rue de Levis qui est très commerçante.( j préfère passer par là plutôt que par l’avenue de Clichy ) Il y a là une épicerie italienne qui vend des tout petits babas au Rhum ou au Limoncello. Miam.

Trouvé Georges Salles dans l’exposition au Centre Vivant Denon

Tout oeil est hanté, le nôtre aussi bien que celui des peuplades primitives. Il façonne à chaque instant le monde au schéma du cosmos.

J’ai recommencé aussi à dessiner à la maison. Mais je me demande à quoi cela sert. Suis un peu démotivée à vrai dire. Je vois beaucoup de choses qui me semblent être plus des événementiels que des événements. Ce n’est pas facile de faire comme si ça n’existait pas. De continuer tranquillement. Car tranquillement rien ne peut se faire. Mais c’est pénible. Et terrible de geindre comme je le fais.

Les oiseaux se baignent avec beaucoup de plaisir dirait -on.

Au fait le cours de tennis de Samedi c’était bien car on n’était que 2. Voilà. Je n’aime pas du tout les cours collectifs. Ça m’ennuie. En plus comme j’ai beaucoup régressé, ça me décourage. Je me crispe et c’est pire.

Toujours ce mal de dos persistant sauf quand je bouge.

 

Exercices de méchanceté transilienne

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A chaque fois , je me dis que c’est le truc le plus palpitant du retour d’Argenteuil. Selon l’heure, l’intensité du plaisir dont je vais parler augmente.

C’est aussi une histoire de suspense trop peu évoquée et qui nous concerne tous. Enfin qui concerne les utilisateurs des trains pourris ou semi pourris de banlieue partant de la garde Saint-Lazare-je ne connais pas assez les autres.( quelquefois il y en a des neufs avec des beaux sièges rayés)

Le train lui-même:

Dans le meilleur des cas il n’y a pas trop de monde, et la porte des toilettes est fermée. Quelqu’un s’est sacrifié pour aller en arrêter le battement et la claquer d’un coup sec pour en finir. Il y a toujours un filet d’un liquide suspect qui progresse vers vos chaussures mais bon…Parfois il y a des trains d’un autre âge avec une tablette métallique et on s’imagine que là il devait y avoir un contrôleur d’un autre âge aussi ou on ne sait pas quoi.

Donc dans le meilleur des cas disais-je, il n’y a pas trois personnes qui parlent au téléphone dont deux qui hurlent, pas le mec muet qui vous pose à côté un porte clé avec un petit papier rectangulaire qu’on ne regarde plus depuis belle lurette. Il n’y a pas un mec qui a son butin sous le bras, à savoir le sac marron du MacDo qui est une véritable infection. Une vé-ri-table infection. C’est vraiment le truc le plus dégueu qui soit. En plus faut imaginer que ce sera ingéré en mode tiédasse, les frites étant les plus rapides à se transformer en buchettes jaunasses froides. Et si l’on imagine l’usine qui fabrique les sauces et ce qui s’y passe c’est le désespoir assuré. Il n’y a pas les 3 copains qui écoutent de la musique via le portable.

En revenant sur le dossier toilettes de ces trains, je suis toujours prête à remettre une médaille au mec qui en sort. Souvent d’ailleurs il en sort alors que le train n’est pas encore parti et il file sans un regard pour qui que ce soit. Il faut avoir un entrainement du type GIGN pour affronter ce local. C’est pire à mon avis  que de tenter d’éviter une mine anti-personnelle. Bref.

Bon , voyons mon cas. Ce qui me différencie des autres voyageurs c’est que j’ai un vélo.

Un vélo.

Plusieurs situations possibles. Il n’y a personne. C’est bon. tranquille. Train direct. Wagon vert si c’est possible et même pas la peine d’aller poser le vélo dans le petit réduit ( à côté des toilettes). Pas la peine de se faire un tour de rein à le suspendre. Entrer, appuyer le vélo sur la porte, s’assoir sur le strapontin, bloquer la roue avec un pied. Coup d’oeil circulaire pour voir ou est l’ennemi ( la fille ou le mec qui téléphone ou qui va le faire ) , ouverture du livre. C’est parti.

Deuxième cas. C’est blindé. Et tout le monde vous déteste vous et le vélo.

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Guy Debord

En toute situation, vous et votre vélo devez vous sentir le maitre du monde. Et froncer l’oeil quand au moment de le  soulever pour entrer vous découvrez la présence de deux intrus possibles :

1/ Un autre vélo, qui n’est pas forcément un ennemi, mais ça ne vous arrange pas quand même d’être envahie sur votre terrain. Et puis il va falloir faire des efforts de solidarité cycliste.

2/ L’ennemi absolu. La poussette remplie d’un enfant, et sa mère. Pire: La poussette remplie d’un enfant et sa mère et le petit frère qui tourne autour de ce paquet de gens, voilés ou pas, criant ou pas. Parce que ça prend une place folle et que ça gêne vos mouvements et l’accès à votre strapontin préféré.

Tout cela est valable pour la montée dans le train peu bondé. Ca emmerde tout le monde le vélo, mais on peut cohabiter.

Quand il y a d’avantage de peuple, c’est pénible mais assez jouissif. Le type qui s’est installé avec ses deux gros sacs dans le local vélo doit décamper et vous laisser la place. Parfois vous frôlez avec votre roue une jambe histoire de montrer qui est le chef-aux-pédales-dangereuses. Car un coup de pédale c’est super désagréable. Même douloureux.

“Selon l’heure, l’intensité du plaisir dont je vais parler augmente.” Je me cite…!!!

On arrive. Et c’est là où c’est vraiment délicieux. Deux cas encore.

1. Les gens se précipitent parce qu’ils savent que votre saleté de vélo va les empêcher de battre le record du monde de la descente qui ne mène à rien. L’idéal est donc de se positionner de telle sorte que le passage soit impossible et de continuer paisiblement la lecture du livre pour susciter l’inquiétude. Non seulement vous emmerdez tout le monde, là au milieu, mais en plus vous allez peut-être finir votre page avant de remettre le livre dans le sac puis enfin démarrer! Hé hé!!

Non le truc le meilleur ( et je ne gagne pas toujours ) c’est lors du retour vers Paris. De quel côté va t’on descendre??? Là est la question. C’est tout un calcul de probabilité parceque vraiment c’est pas facile à deviner. Il y a peu d’indices. On est certain que ça va être à gauche et puis non, la voie s’élargit à nouveau et le quai vous a filé entre les pattes et est passé de l’autre côté. Trahison. Non ce qui est délicieux c’est quand vous bloquez TOUTE la largeur de la porte avec le vélo appuyé et que OUÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ , vous êtes du bon côté et c’est vous qui allez ouvrir la porte et personne d’autre. Puis pour sortir , alors que les autres se tassent derrière vous comme des imbéciles, il va falloir effectuer une petite rotation pour libérer le passage de tout le monde. Tout le monde en question est donc obligé de recule , de perdre du terrain ( sauf un malin qui se faufile sur le côté ) et de faire gaffe à ses pantalons propres rapport à la roue.

Bon. Voilà. C’était ça mon petit plaisir du train. Il ne s’achève vraiment qu’une fois arrivée dans la rue. Car la dernière épreuve est la traversée de la gare elle même. Elle doit se faire sans hésitations, surtout le Vendredi soir ou aux heures de pointe. Il faut en deux mots foncer dans le tas et passer.

Sinon, vous y êtres encore au moment où j’écris.

Voilà.

Et plus exaltant que ces pauvres atmosphères transiliennes, ce machin de Patrick Neu fait avec des ailes d’abeilles…Ce que je préfère là-dedans ce sont les ailes elles-mêmes!

Capture d’écran 2013-04-13 à 11.56.21

Patrick Neu

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