1 septembre ( grr )

les 14 tapisseries de la Chaise-Dieu

Je vois R. arriver dans le hall de l’hôtel et je l’entends en rage:

-2 mn 5

Je me demande ce qu’il raconte

C’est ce qui s’ajoute aujourd’hui au 6 mois de guerre Russie-ukraine, dit-il.

J’ai lu avec grand plaisir un livre que m’a conseillé A. Scènes de ma vie de Franz Michael Felder. La lecture m’a absorbée, c’est absolument délicieux et profond et le lieu où je suis est propice à ces moments en pleine nature Autrichienne. C’est drôle de passer d’une Autriche à l’autre, d’un siècle à l’autre. De Felder a Bernhard. ( dont les interviews me font bien rire J’ai enchainé sur la relecture d’un petit Maigret histoire de dire ( comme on dit !!), puis sur la lecture ou relecture de L’homme à tout faire de Walser. Revu Peeping-Tom de Powell dont j’adore les images saturées, et hier Le Caravaggio de Derek Jarman que je n’ai pas terminé. Ca ne me plait pas: Trop d’intentions esthétiques, trop chargé, pour le son /même sensation. Ah les intentions c’est merveilleux! quand elles sont invisibles surtout. Sinon c’est un calvaire de saturation d’idées, de choix d’anachronismes, de citations etc.. Caravaggio jeune est très bien, dans la lignée des garçons de Pasolini. Adulte avec son chapeau… Je trouve l’acteur assez fade. Tilda Swinton est très bien Quant au peintures en train de se faire ( même si je vois bien encore une fois l’intention , eh bien ça ne marche pas à mon sens) . C’es quand même presque toujours raté, la peinture à l’écran non. A part Pialat ?? ( ou dans le genre, la vie passionnée de Van gogh avec Kirk Douglas. Je préfère quand il y a carrément du vent dans les voiles )

J’avais oublié( en fonçant au bout du film avec ma souris ) , la tradition de l’obole, à savoir placer sur les yeux des morts deux pièces pour payer le passage .

Au moment où j’écris j’entends la pub du dernier film ( game of thrones ou je ne sais quoi-dragons ou elfes- qui ne m’intéresse PAS DU TOUT )

Hier visite La Chaise Dieu. magnifiques tapisseries du seizième siècle ( Flandres ) qui ont été restaurées et placées dans un lieu dédié.

Bien ri de la pédagogie ( eh oui encore la pédagogie culturelle catastrophique/ ça et les cartels en général ) : On entre dans une pièce sombre. Je passe les projections démodées.On connait. Là où le fou rire commence, c’est lorsque l’on découvre dans une espèce de construction, un ecclésiastique en hologramme. Oui !!! J’imagine les élus orgueilleux et fiers de cette invention, de ce choix. Tout cela avec du mousseux et un biscuit… une verine? Sans doute le marchand de fromages du coin a t-il été “casté” pour le rôle. Bref. Je pouffe et continue ma visite, le cloitre, arrive devant l’orgue, puis Saint Robert, etc… Damned revoilà l’étiquette de fromage parlante dans un autre costume et qui est en grande conversation sur l’écran avec… Avec… Stephane Bern. Alors là je dis stop, alarme, télé, damnation…. Evacuez! Fremez les yeux fuyez et surtout ne vous asseyez as sur les sièges ” modernes” en forme de quoi, de blocs irréguliers…. Niveau restauration ils y sont allés fort en acier et bois ( à la façon charpentier tour de France genre ancien ! ). Je suis méchante. On s’en fiche , vu la splendeurs de ces tapisseries que je photographie ( je n’ai que mon téléphone ) on oubliera le gout des élus, des architectes des bâtiments de France ( Hi-Han ), des responsables à la culture. C’est quand même terrible . ( Je repense à Nantes et sa basilique Saint Nicolas dont la Jerusalem céleste au coeur du labyrinthe a été recouverte lors de l’installation du nouvel autel. On rêve . C’est comme si à Amiens à la cathédrale et sur la même Jerusalem on avait installé le placard pour les audio guides…

Le voyage à Ivry/DEAD SOULS WHISPER (1986–1993)

Teafor2/Ivry

Partie de Pigalle sous une pluie aussi froide que battante. Il est 13h. Direction Le Peletier et direct et lire jusqu’à destination. Je suis en avance et décide de commencer ce qu’on pourrait appeler une exploration. C’est sinistre. C’est affreux. C’est gris.C’est moche. Ce n’est pas encore glauque. Je traverse la rue, m’avance vers une place, m’étonne du nom ” Promenée” qui indique des sortes de passages, je dirais des coupe-gorges. Je fais quelque photos de ces immeubles en béton , plus pointus que pointus. Des branches d’étoiles habitées? J’en doute. Je regarde le nom des architectes, inspecte, passe sous des arches, découvre une nouvelle ” promenée” déserte ( celle ci ne s’appelle pas Voltaire ), regarde l’heure. Zut . Je marche, reviens sur mes pas, regarde des escaliers, entre dans une galerie déserte et à mon sens abandonnée. Des gars noirs discutent, l’un pisse, l’autre reste sur les marches d’un escalator mort. Je ressors rapidement, tourne à droite . La manufacture des oeillets est indiquée. Quelques bâtiments anciens des années 20 dirais-je, avec colonnes et bas reliefs. Plus loin un gymnase visiblement occupé ( à en croire les mots scotchés à l’extérieur ), des expulsés depuis 4 ans et qui semblent avoir bien froid là dedans.

C’est sinistre mais au fond, je me dis que je trouverais un interêt à ces découvertes si j’étais à l’étranger. Je me souviens soudainement de Vitez et des ses quartiers. Retour vers le lieu d’expo. Je me trompe, ça n’ouvre pas, et pour cause; je rentre dans le métro pour repartir et un message m’indique la bonne adresse. Direction, bonne direction vers l’exposition de Derek Jarman. Pas foule d’étudiants, 3 à vrai dire. Tampis pour eux.

C’est une oeuvre plus qu’interessante et il y a beaucoup à dire sur ces peintures croutes. Ou plutôt rien à en dire. Est ce de la peinture? Chacune alors n’est elle qu’un cri, un slogan englué dans du bitume, un doigt d’honneur à Margaret Thatcher, un bain de sang contaminé? La peinture est elle “contaminante”, peinte qu’elle est par un malade du Sida? Cela me fait trouver CY Twombly que je n’ai jamais particulièrement aimé plus élégant que jamais et trop poli. Ecritures, mots, matières, fonds blancs.

Bon suite plus tard, je vais prendre un bain.

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