Les collections+Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

Emmanuel_Schwartz-210

Emmanuel Schwartz

“After an email at 2:30 saying he would be free to meet me personally if I came right away, I rushed over to meet the head of the art school’s archive, Emmanuel Schwartz.”

Agrégé de lettres, conservateur du patrimoine, Emmanuel Schwartz est l’auteur d’articles, communications et livres qui considèrent les relations des œuvres d’art avec la littérature universelle. Il étudie dans cette optique l’histoire, les doctrines, les bâtiments, les collections, l’influence de l’Ecole des beaux-arts.

Principales publications : Les Beaux-arts, de l’Académie aux Quatz’arts (1817-1968), (sous la direction d’Annie Jacques) ; La Chapelle de l’Ecole des beaux-arts de Paris, Paris, 2002 ; Les Sculptures de l’Ecole des beaux-arts de Paris, Paris, 2003 ; L’Ecole des beaux-arts côté Seine, Histoire impertinente du quai Malaquais…, 2008.

Ce matin, la télé qui vient filmer R. et la Canon et la perche, et la journaliste qui me raconte sa rencontre avec de Toth à Hollywood. Il voulait un hélicoptère. Elle a dealé une limousine. Elle a imité sa démarche, raconté son passé Hongrois si je ne me trompe pas, son bandeau sur l’oeil bien sûr. Moi j’aime de Toth. Et avec un nom pareil…

J’ai mangé un truc, regardé des choses sur l’ordi, cherché pour l’avocat cette image:
Capture d’écran 2016-04-06 à 13.30.50

Puis j’ai filé aux Beaux-arts pour le rendez vous avec Emmanuel Schwartz.

Capture d’écran 2016-04-07 à 07.43.17

 On avait déjà eu RV il y a un mois pour parler de mon envie de montrer aux étudiants des choses concernant les métamorphoses d’Ovide. J’ai toujours énormément fantasmé sur ce livre sans l’avoir lu en totalité.Je l’ai découvert à 24 ans à la Villa Médicis. J’en ai un exemplaire acheté quand l’électricité n’existait pas et que l’on portait des peaux de bête. J’exagère un peu, mais le livre est à peu près en aussi bon état que mon permis de conduire. C’est dire. Actéon est un peu chiffonné, et Narcisse sur la photo est loin d’avoir l’apparence d’une petite fleur. Donc Monsieur Schwartz. Je le trouve étrange et drôle. Son bureau ( la table ) est un enfer de bazar et il me dit qu’il perd tout. J’aperçois des mains de plâtre, des livres ouverts, de la paperasse. Et le bureau est -comme on l’a dit avec X – “un open space” du XIX eme siècle. L’open space m’a fait pensé alors à ce que l’on appelle “une douche sonore”, principe muséal qui permet sans ouvrir aucun robinet et en se plaçant dessous, d’entendre par exemple la voix d’Appolinaire. On à l’air bête là-dessous, planté comme un je ne sais quoi les oreilles pointées vers le pommeau. Bref, nous voici dans les réserves. Dans la bibliothèque. Je touche un livre qui me semble parler d’alchimie. Dans un autre des monstres. C’est très beau. Je feuillette avec précaution. Il fait sombre . M. S a une petite lampe et le premier jour, la liste. Moi, mon cahier rouge. On se courbe, on se met sur la pointe des pieds, on monte à l’échelle. Il me dit les numéros, je cherche. Avec ou sans lampe. C’est drôle, j’aime bien. Il y a quelques années j’aurais éternué comme une bête. Là, ça va.

Donc c’était le premier RV. Comme nous avons, lui perdu sa liste et moi mon cahier rouge, nous avons recommencé exactement la même cérémonie hier après midi!

Nous passons voir aussi les peintures dans la bibliothèque et le petit étudiant coréen a le nez plongé dans… un de mes livres.

Puis nous parlons un peu avec Monsieur S. qui est décidément très drôle et d’une espèce en voie de disparition.

 Ensuite j’ai trainé un peu , regardé des gravures qui sortaient pour une expo, demandé une loupe ( non pas pour ressembler à cette photo au-dessus que je ne connaissais pas- et ainsi avoir l’air d’un bibliophile parfait ) mais pour voir de minuscules détails d’arabesques, sur un livre traitant d’orfèvrerie.

Ensuite un Uber pour filer à la galerie et me retrouver dans mes listes du passé Maeght. On pointe, on note, on classe.

7h 39; pourquoi me suis-je levée à 6h30?

C’est bien le plus grand fou qui soit dans la nature 
Que celui qui se plaist aux livres bien dorez, 
Bien couverts, bien reliez, bien nets, bien époudrez, 
Et ne les voit jamais que par la couverture.

Jean le Pautre

Retour en haut