Racine By Night

Cette nuit j’avais posé la petite radio à côté de moi. Les élections à la radio ne me passionnent pas plus que cela. J’ai donc écouté de la musique en lisant Exit le Fantôme de Roth que je pense avoir déjà lu. Pourquoi ne puis-je m’en souvenir d’avantage. Rien qui m’ait marqué, même pas la femme à la cicatrice; la soirée d’élections quand Bush gagne pour la seconde fois, l’écrivain isolé de tous et qui redécouvre NYC. Rien. C’es comment dire… On s’en passe. Voilà. L’après-midi j’avais lu Le bel été de Pavese qui je l’avoue m’a laissée de marbre, sauf le plaisir de m’imaginer à Turin marchant sous les voutes et regardant alors que je buvais un chocolat dans une galerie, un Monsieur empesé qui me semblait le portrait dans Wiki d’un écrivain connu. Habillé à la Pessoa. Un délice ces élégances d’un autre temps, ces élégances surannées que j’ai savourées dans les provinces italiennes mais aussi à Madrid. Quel est le film d’Antonioni qui est inspiré partiellement de ce texte. Sais pas. Puis j’ai regardé sur mon ordi le premier long métrage de Dolan. Film précédé ” de rien” même pas de courts métrages : J’ai tué ma mère , ou comment j’ai tué ma mère ( géniale interprétation de Anne Duval )Realisé à 19 ans, on peut dire que ce n’est pas mal. Constantin me fait penser à Tom qui ne donne plus aucune nouvelle malgré mes tentatives et j’en suis triste. Difficile de trouver le sommeil. J’étais au lit à 20h30 et il était presque une heure. Puis j’ai allumé la petite radio noire qui crachote parfois et me suis endormie:

Ah ! cruel, tu m’as trop entendue !            
Je t’en ai dit assez pour te tirer d’erreur.            
Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.            
J’aime. Ne pense pas qu’au moment que je t’aime,            
Innocente à mes yeux, je m’approuve moi−même,            
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,            
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.

Racine ! Nuit Racine. C’est drôle ces alexandrins qui planaient dans la nuit !!!!Phèdre et Madame de Maintenon. Avant j’avais cherché un truc sur Dylan Thomas et l’ordi m’a indiqué que j’étais déjà allée sur ses traces je ne sais quand. Je ne me souviens pas de l‘Artiste en jeune chien. Je ne me souviens que du titre que j’aime bien et du livre et sa couverture. Peut-être ne l’ai-je jamais lu. Plus tard je regardais comme cela arrive souvent sur le net, un truc qui ne m’intéresse pas plus que cela, à savoir les chevaux. Je ne savais pas si c’était le jockey ou le cheval qui avait eu une cris cardiaque et retenu mon attention. Mais quand j’ai lu que le cheval ou le jockey s’appelait Dylan Thomas, je suis restée pensive. Pus tard encore, et après avoir cherché je ne sais quoi sur American Archives ( un atlas de médecine légale ) je suis tombée sur un bar en écosse qui s’appelait Dylan Thomas. Bon. Inutile de chercher à comprendre.

C’est bon la radio la nuit. Voilà tout est rangé. Il n’y a plus qu’à mettre les rouleaux dans la voiture etc et c’est parti demain matin.

DEPUIS LE 6 OU A PARTIR DU 14

En écoutant d’une oreille Henri Bauchau né en 1913 mort il y a quelques mois .Soudain je me demande ce que sera ma voix quand je serai bien plus vieille.

Pour parler de cette dernière semaine: Quoi, quelle image vient en premier? Le type qui chante seul et dans une langue inconnue dans le métro? Le grand décharné avec son manteau à carreaux comme un personnage d’après guerre. En parlant de guerre, deux types se parlaient dans le métro encore, et l’un demande à l’autre:

—” 1918, c’est la première ou la deuxième guerre”?

Tu le crois ça? me dis-je à moi.

Je suis toujours désarmée quand j’entends ce type de chose.

Bauchau à l’instant dit “perdre l’esprit”. C’est une belle expression.

Oui les transports en commun. Le bus hier et la fille qui confond un peu avec sa salle de bain, se démaquille avec un de ces cotons ronds , et le jette par terre au milieu quand elle a fini la phase nettoyage, et avant d’attaquer le maquillage.

Non, mais comme image, qu’y a t’il en premier?

Le café Nostradamus à Turin, le premier café où j’ai bu un capuccino à mon arrivée? Oui . Il n’ a rien de particulier dirait-on. Mais si. Justement. Ces endroits ressemblent si peu aux nôtres!. Puis Turin est une ville délicieusement désuète. J’aime énormément, ces galeries qui courent et qui abritent, ces vitrines provinciales, les apéritifs, et les places. C’est très beau Turin. Je n’en connais que le centre et le Lingotto, ex-usine Fiat. Là on aperçoit un portrait de Pavese. J’achète un livre d’Italo Calvino en Italien -La memoria del mondo-dans une librairie immense et sans âge face à la gare Porta Nuova. Ily a même des livres Français qui viennent d’outre- tombe.

Poussièreux. Il y a aussi une antiquité: ” Lorenzo Sterne”. Héhé.

Et puis un homme à chapeau et pardessus parle à un autre assis. Oui c’est l’idée que j’ai d’une librairie du 19 eme siècle.Ou même du barbier avec ses chaises alignées et des visiteurs qui lisent le journal. Des petits rituels de “passeggiata“. Turin emmène vers le passé. Son cinéma Lux ( celui de Fellini dans les nuits de Cabiria s’appelle Lux comme tous les cinémas je suppose, comme tous les Hôtels des voyageurs, Hôtels modernes, Bar des Amis, Pied mignon,Dames de France, et Ciseaux d’or pour les commerces qu’on devine. Bref.Le Bon travailleur est aussi un classique pour vêtements de travail…

Ma chambre est modeste. Un hall, des gens souriants, un grand escalier démodé avec une sorte de nymphe drapée qui porte une lampe. Premier étage mais on dirait trois.

Cette chambre est très propre, rien au mur, une cellule en somme et j’adore cela. Je n’en dirais pas autant de la vue sur rien, qui me fait penser à cette nouvelles de Edith Warton, heu… Mrs quelque chose. Elle reste tout je jour assise près de la fenêtre et se réjouit d’un paysage médiocre…

Je pose mes affaires et mon intention est d’aller vers le Palazzo Madama. Il y a du soleil. Je m’installe sur un banc. C’est délicieux. Puis je marche, je marche, enregistre une voiture publicitaire ( à chaque fois je me dis “mais ça existe encore”, avec son haut-parleur etc.. ) Je vais jusqu’au Po. Décidément j’aime toujours autant l’Italie. Même si le Piemont n’est pas Naples, Turin me plait énormément. Comme m’a déplu Milan… Mais c’était il y a longtemps.Vers 17h tout le monde est dehors. Il fait si doux… Je marche , je marche et en revenant à l’hôtel rencontre N et C qui arrivent de la gare. Les accompagne de Porta Susa à Porta Nueva. Le hall de leur hôtel est dans le genre vieillot aussi. Nous filons au Lingotto. Petites complications pour trouver “l’Oval” mais c’est bon… Les caisses, le matériel. On installe. En face, un type ponce pendant des heures un socle et ça m’énerve.

On se retrouve dans le noir, à l’autre bout du monde car on ne voit pas qu’il y a le métro a deux pas. Tant mieux, on s’échoue dans une trattoria-que des mecs qui regardent le foot. On commande des pizzas et on lorgne sur ce qu’a choisi la table de 10 hommes à côté. Ca à l’air super bon.

C’est la pizza au mètre.

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